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Le charme discret de l’aliénation infantilisante

les joies du management dans l'informatique.

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Petite compil’ qui traîne dans mes cartons depuis des années de quirks de management que j’ai rencontré lors de ma ✨carrière✨. En allant crescendo.

Piste d’amélioration : donner son âme#

Un an que j’étais dans la boîte. Pas au parfum de comment fonctionne une entreprise, on m’explique je vais passer un “entretien individuel”. La façon dont les collègues en parlent, on dirait des sessions de doléances au roi, mais bon.

On commence par m’expliquer que la boîte a prévu d’augmenter en moyenne les employéxs de 1.5%. C’est moins que l’inflation, mais bon on est pas à ça près. Mais surtout, pour pas être injuste, la boîte a choisi d’augmenter quelques employés de presque beaucoup, et les autres de rien (je vous laisse deviner dans quelle catégorie je suis). Pas sûr de comprendre la logique, mais encore une fois, les voies du management sont impénétrables.

On me donne alors trois “pistes d’améliorations”, sans contexte. Non, c’est pas un bilan, un bilan on aurait dit ce que j’ai fait de bien et de pas bien. Là, c’est une liste de péchés sur lesquels travailler sur l’année à venir, mais pour être positif on parle de “pistes d’améliorations”.

Deux d’entre elles sont du style “être plus à jour dans le reporting de mes heures” (je reconnais ce péché mon seigneur), mais la troisième me fait tiquer :

— Faudrait que tu sois plus impliqué dans la vie sociale de l’entreprise : tu as tendance à partir à 18h et disparaître

— Comment ça ?

— Bah par exemple faudrait aller aux after-works de temps en temps

Il semblerait que donner 35h de ma vie ne soit pas suffisant : mon année à venir sera donc axée sur le fait d’également dédier mon temps libre à la boîte (manque de bol, le catéchisme quand j’étais gaminx m’a pas converti, mon entretien individuel pas plus).

[URGENT] Y a du rab de légumes#

Une de mes grandes expériences avec le monde de l’entreprise a été mes interactions avec les nazguls du patronat : les happiness managers.

Rien de mieux qu’une journée où un serveur a pété, vous et vos collègues êtes sous l’eau, vous échangez à la fois avec les équipes en aval (devs, business, etc) et en amont (infra, appro, experts) ; la boîte mail devient votre trou de serrure pour échanger avec le monde. Et le monde est en feu.

Et là, surgissant au milieu de professionnelxs en train d’utiliser 110% de leur cerveau, un mail taggé “URGENT” pour bypass les filtres de tout le monde, intitulé :

[URGENT] Rappel : tournoi de pétanque ce vendredi :) inscrivez vous !

Il va sans dire que la personne qui envoie ça, happiness manager de son état, est sans doute payé le triple de mon salaire de prestataire débutantx qui s’est fait enfler.

La méthode DISC#

On nous fait passer un questionnaire, avec à chaque fois quatre réponses. Une fois qu’on a répondu aux questions, on nous met dans une catégorie. Et attention, c’est là que ça devient grocervo : il y a quatre catégories, les quatre couleurs primaires, quadricolore. Et c’est un truc du style “Hmmm rouge t’es le genre à foncer, bleu tu communiques, vert t’es dans le soin des autres, jaunes t’es créatifx”. Et vu que ça se voit un peu qu’ils ont juste cherché “signification des couleurs dans le monde occidental”, ils complexifient ça un peu, attention accrochez-vous, en disant qu’on a une couleur “secondaire”. Moi vu que je panique quand on me demande de m’auto-qualifier, surtout avec des critères arbitraires, jme suis retrouvéx partout pareil. En me nudgeant un peu, on m’a mis “Jaune avec un peu de rouge”.

Et là le management s’en mêle : parce qu’ils sont pas à court d’idées révolutionnaires, “une bonne équipe c’est une équipe qui a un peu de toutes les couleurs”. Du coup ils ont éclaté des équipes fonctionnelles, aussi bien d’un point de vue humain que projet, et ont fait des équipes de randoms qui se connaissent à peine et dont les postes ne correspondaient à rien entre eux pour la journée, “pour l’expérience” (conclusion de la journée : ça servait à rien).

Mais parce qu’on cherche touxtes à comprendre le monde et à s’accrocher à la moindre source de sens, et parce que dans le management le monde est bien étroit et qu’on s’ébahit de tout et n’importe quoi, on a eu à droit à deux semaines de « Forcément tu proposes ça, c’est bien une idée de jaune secondaire ça ! »

Le thérapeute du feutre professionnel#

Une fois par mois, on avait droit à un “rétro quelque chose” (ma mémoire de cette époque est floue).

En gros, notre équipe d’une demie douzaine de personne allait en réunion avec un mec, qui débarquait de Paris le jour J avec des centaines de feutres et des feuilles, et il nous demandait comment s’est passé le mois précédent.

Et là, c’était spectaculaire : il suffisait qu’on dise « Baahh, avec le projet Bidule on a été un peu sous l’eau et— » pour qu’il fasse « Ah oui ? Sous l’eau ? » et se mette à dessiner un océan avec un PC sous la surface. Ça en devenait presque un jeu de dire un truc du style « c’est un peu un tir à la corde avec l’infra en ce moment » et voir ses yeux s’illuminer et dessiner un serveur avec une corde autour.

Et ça durait comme ça pendant deux heures,

À la fin on avait un dessin qui, et j’aimerai inventer, était collé sur le mur de notre open-space. Et on avait donc une série de dessin de chaque mois, derrière le chef de projet, censé nous montrer l’évolution du petit Kevin projet.

Nul doute que le salaire de ce mec égalait à minimum celui des happiness managers.

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